Interne ou externe ? Nord ou Sud ?

Culture

3 octobre 2023

Par Emmanuel


On distingue de façon assez schématique (surtout en Occident, d’ailleurs…) les arts martiaux chinois en deux grands groupe : d’un côté les arts dits “externes”, et de l’autre les arts dits “internes”, le Taïchi Chuan étant classé dans la seconde catégorie.

Cette distinction a été construite en Chine à la fin du XIXe siècle. Elle s’inscrit d’une manière générale, dans la confrontation entre les conceptions occidentales du corps (médical, anthropologique, biomécanique, etc…) et les conceptions énergétiques (taoïste et bouddhiste) de la médecine chinoise traditionnelle.

En occident, cette distinction interne/externe consiste à considérer que les styles “externes” utilisent la force physique et la vitesse comme principes d’entraînement et les styles “internes” la maîtrise de la respiration, la décontraction et la lenteur pour guider l’énergie (Qi).

Mais cette conception est bien entendu trop simpliste.

Elle repose sur le fait que la dimension martiale des différents styles dits “internes” est souvent peu connue ou peu pratiquée, ces styles étant le plus souvent pratiqués et enseignés dans une optique thérapeutique… L’existence de méthodes de Qigong spécifiques aux styles externes démontre aussi que le travail “interne”, le travail énergétique, est également bien présent dans les arts “externes” traditionnels (ex : Yi Jin Jing, shaolin neïgong…), de même que les références à la médecine chinoise.

Au départ, cette distinction n’était autre que “géographique”, les styles internes étant ceux considérés comme nés en Chine, les styles externes quand à eux, étant ceux considérés comme venant de l’étranger. Il en est ainsi par exemple pour l’opposition communément admise entre les arts de “Shaolin” et les arts du mont “Wudang” :

  • « l’école externe » (ou waijia), considérée d’obédience bouddhiste (origines indiennes) serait ainsi nommée en raison de son rattachement au monastère Shaolin,
  • « l’école interne » (neijia), considérée d’obédience taoïste, dont le berceau mythique serait le mont Wudang, la montagne sacrée de Chine,

 

Shaolin et Wudang, sont ensuite devenus les symboles d’une opposition proverbiale entre d’une part, une pratique fondée sur la puissance musculaire et d’autre part, l’application au combat de principes stratégiques et énergétiques considérés supérieurs. « Le travail « interne » (neigong) préserverait la tranquillité au sein du mouvement et insisterait sur la défense… alors que le travail « externe » (waigong) se fonderait sur l’action, qui se manifeste par l’attaque. Si les écoles martiales du courant externe plongent, pour la plupart d’entre elles, leurs racines dans les associations de boxeurs du monde rural et s’appuient sur une transmission orale, l’ensemble des théories qui sous-tendent la pratique de l’école interne repose sur des écrits de lettrés de la dynastie Qing.

Bodhidharma, venu d’Inde apporter en Chine les “arts martiaux externes”

Mais de nombreux styles de “Kung-fu” se sont formés par une combinaison des deux systèmes. La plupart préconisent d’ailleurs l’utilisation du dur contre le doux, et du doux contre le dur.

Par conséquent, une autre classification est donc née en Chine, et semble plus cohérente…  Elle renvoie aux différences (et parfois oppositions) existant depuis des siècles entre le Nord et le Sud de la Chine, et ce tant au niveau culturel que des mentalités ou du climat…

Cette classification divise donc les différents styles en deux branches principales, Nord et Sud, d’après leur lieu d’origine. Chaque branche se subdivise elle-même en 2 groupes, “rigide et flexible”, ce qui semble plus réaliste que “dur et doux”. Le groupe “rigide” met l’accent sur des postures assez basses, avec des coups de poings puissants dans le Sud, et des coups de pieds dévastateurs dans le Nord. Le tout étant destiné au combat à courte distance, aussi bien dans le Nord que dans le Sud, avec des postures plus hautes. Suivant cette classification, par exemple, le Wing Chun serait un style “flexible” du Sud, alors que le Chang Quan appartiendrait à groupe “rigide” du Nord.

Comme l’évoque également l’expression “Nan Quan Bei Tui” qui veut dire « poings » dans le sud et « jambes » dans le nord, les styles du nord utilisent plus les jambes et ceux du sud, plus les poings.

Pour ce qui est du « Wushu » (=les arts martiaux chinois), on dit également que la topographie du Nord, avec ses vastes étendues, permettant l’utilisation sans contrainte des jambes lors des assauts, a favorisé un style de combat à longue distance, tandis que, les pieds dans les rizières, les maître d’arts martiaux du Sud de la Chine, ont tout logiquement mis l’accent sur les techniques de poings (appropriées lors de combats plus rapprochés).

 

La réalité est évidemment plus subtile et il s’agit donc plutôt d’indiquer une tendance aux degrés très variés. D’autant que les échanges, commerciaux et culturels, entre le nord et le sud et entre les différents pays proches de la Chine (Inde, sud-est asiatique…), font que les pratiques se sont enrichies les unes les autres au fil du temps.

Le Taïchi Chuan de l’école Lishan, que ce soit dans ses principes ou dans son application martiale, recherche la douceur, la fluidité, l’écoute et l’adaptation… En ce sens, on pourrait le considérer comme un art “interne”.  Mais dans son livre des “13 traités”, le Me Cheng Man Ching ne considère-t-il pas que “Le Taïchi Ch’uan est le Taïchi Ch’uan parce que l’externe et l’interne s’unifient” ?

Alors, au delà des classifications artificielles, ce que nous cherchons avant tout à l’école Lishan, c’est à transmettre une pratique complète et authentique, qui s’inscrit dans une filiation traditionnelle. Renforcer et améliorer ses capacités physiques, se détendre, s’assouplir, et surtout s’épanouir à travers la pratique persévérante d’un art… C’est cela notre gungfu, qu’il soit interne ou externe !

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Retraite de d’été de Taïchi… 
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