La montagne de la pratique est traversée par deux principaux chemins :
- Tout d’abord, la pratique collective, où l’on vient s’abandonner et suivre un autre rythme que le sien.
On y vient recevoir un nouveau souffle, un nouveau rythme, un regard différent.
On y reçoit un enseignement.
- Et la pratique seul qui est au moins aussi importante. L’aurait t-on oubliée ?
La pratique seul est le temps de la digestion de ce qui a été reçu, de l’assimilation.
C’est un temps différent où nous nous interrogeons sur ce qui a été transmis.
Où nous nous approprions ce qui a été reçu et nous transformons. Cette transformation demande du “temps consacré à” (étymologie de “gong fu”).
Tout comme le temps de l’hiver est nécessaire pour que la sève ré-interroge les racines, et notre structure la plus profonde, notre pratique a aussi besoin d’un retour sur elle-même, d’un hivernage régulier.
Nous devons l’interroger, nous interroger et nous laisser interroger par elle.
On ne peut se prétendre pratiquant d’un art sans pratique solitaire régulière. En fait c’est là toute la pratique elle-même.
On y découvre là, notre maturité, l’ampleur de notre engagement sur la voie que nous avons choisie, la confiance dans notre propre souffle, nos propres racines, notre propre structure, à nous porter durant ce temps.
Cette pratique solitaire nous tourne vers cet espace et ce temps qui s’ouvrent alors à nous.
Apparait dans cette solitude, la présence à tout ce que l’on ne voyait pas alors… et pourtant qui se tenait là, immobile, dans notre propre absence.
On se découvre relié, au ciel, à la terre, à tous les êtres… et leur présence silencieuse nous parle au cœur.
L’absence de nos frères et sœurs de pratique nous apprend à communiquer avec eux autrement : par le silence du cœur.
Je vous souhaite donc mes amis, durant ce temps suspendu qui s’étire…
Une paisible et fructueuse pratique solitaire, pour que nous nous retrouvions, chacun riche de ce qu’il aura cultivé dans son jardin.
Ce sera le temps du partage et de la joie de jouer à nouveau ensemble et de profiter des fruits cultivés.
Comme les champignons, n’en doutez pas, dans l’invisible, nous sommes tous intimement reliés.
Lishan