On s’étonne souvent que je laisse mes étudiants responsables de leur pratique sur leur chemin..
A vrai dire, comment savoir comment le ‘grand arbre’ va s’équilibrer ? Quel est son temps, son rythme, son élan ?
Les branches ne poussent pas par hasard, vous savez …
Elles répondent tellement à un besoin foncier.
Je donne la direction, je rappelle les rythmes, mais après, je laisse les étudiants s’organiser, suivre leur propre pente, leur propre sentier.
La compréhension est quelque chose d’intime et de singulier.
En fait, j’ai été très impressionné par maitre Ryotan durant ses sesshin. Il corrigeait très peu et respectait infiniment la liberté de chacun, surtout les débutants.
Selon lui, on ne savait pas à qui on avait affaire, peut être cette personne était elle sur le chemin, plus avancée…
Que l’on ne devait à aucun prix vouloir montrer, imposer, corriger les autres, juste soi-même.
Mon professeur de Taichi suivait cette piste également.
La seule influence valable à laquelle nous devrions faire très attention est celle de notre propre comportement.
Comment marchons nous sur cette terre, quelle qualité de regard et quelle main posons nous sur la situation ?
Comme à cheval, il y a souvent ‘trop de mains’ et si peu d’écoute et de légèreté, en vérité…
Je suis toujours attristé de voir des étudiants dans mon propre cours vouloir en corriger d’autres, donner des conseils alors que je suis présent…
Alors que j’hésites souvent moi même à intervenir… à sentir pour elle, le bon moment. Sachant que la difficulté a, que trop souvent, sa nécessité.
Comment savoir quel est le meilleur chemin pour la personne ? Son réel besoin pour aller vers la détente et le relâchement…
Je ne taille pas mes arbres au hasard, n’importe quand, n’importe comment, je respecte leur saison, leur besoin, leur équilibre, leur élan…
Je l’ai appris d’un maitre élagueur, ce n’était pas le cas avant.
Aujourd’hui, du fond de ma montagne, le ‘bal des tronçonneuses’ me glace le sang…
Notre agir témoigne juste de notre tension, de notre incapacité à nous détendre, à faire confiance à la vie et au temps.
Nous devrions rester ouvert, attentif, en premier lieu à notre attitude, notre comportement.
A commencer par comprendre l’origine de notre soif, de notre manque, de notre besoin…
Chacun est pleinement responsable de son propre pas, de son propre aller, de son propre agir.
En fait , il y a très peu, dans ce beau jardin, à intervenir..
Comme dans l’art médical, nul besoin de mille aiguilles… Apprendre à écouter, à comprendre l’origine, respecter, ne pas brutaliser les souffles, cesser d’intervenir, accompagner le mouvement…
S’il n’y a pas la sève, de terre sous les pieds, s’il n’y pas les saisons et le vent, et de ciel vers lequel se déployer…
Que devient l’arbre exactement ?
Alors, patiemment, je contemple le moment…
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