Dans l’imaginaire des arts martiaux, la médecine Dieda, ou médecine des arts martiaux, a un côté très romantique…
Le premier contact que j’ai eu avec la médecine Dieda fut auprès d’un Maître chinois de Malaisie qui nous enseignait après l’entraînement à réduire, à faire disparaitre les hématomes… Il ya maintenant 30 ans…
Cela n’avait rien de romantique ni d’exotique comme l’imaginaire pourrait le laisser croire. C’était tout simplement très douloureux… Mais il faut le reconnaître, nous avons ainsi pu constater avec stupeur la grande efficacité des produits de la pharmacopée pour le traitement des traumatismes.
A côté de la séquence “torture”, il y eut aussi, en tout cas au départ, la séquence fou rire…
Boire de l’eau chaude avant d’effectuer des mouvements bizarres dont on ne comprenait rien (du Neïgong…), pouvait sembler bizarre au jeune et tout fou combattant que j’étais, mais nous avons rapidement changé d’avis en voyant ce qu’il était possible de faire avec…
Le Maitre enseignait “la technique de la main de fer” dont la préparation n’avait rien non plus d’une partie de plaisir : frapper sa main sur des sacs de plus en plus durs et la tremper dans de l’eau bouillante, avant de la mettre dans une solution de pharmacopée. Cela, pendant trois mois, n’a rien d’une partie de plaisir….
Là encore, les résultats du traitement par les bains de plantes semblèrent tout simplement magiques. Moi qui n’avait aucune connaissance de la partie “interne” de ces arts, tout un univers s’ouvrait devant moi… Celui du Neïgong et de la médecine chinoise.
L’étude du traitement des blessures liés à l’activité martiale fait partie intégrante de l’enseignement des arts martiaux. Durant ma formation martiale, je n’avais vu jusque là que les formes japonaises (kuatsu et seifuku), efficaces mais assez rudimentaires par rapport aux formes chinoises d’où elles proviennent sûrement.
Les soins Dieda sont réservés au pratiquant lui-même, puis par extension à son entourage proche. Ils ne sont enseignés dans les écoles martiales qu’aux étudiants confirmés dont l’esprit est “sans tache”, la langue “sans os”…
L’art a atteint un tel niveau que la plupart des villageois dans les campagnes, pour se soigner, allaient de préférence dans les écoles d’arts martiaux (dans lesquelles existait une pièce spécifique réservée à cet effet) plutôt qu’à l’hôpital. De nombreux maîtres sont d’ailleurs plus reconnus dans l’art médical que pour l’aspect martial.
C’est, je dois l’avouer, ce qui ma amené sur le chemin des “arts martiaux”, délaissant peu à peu celui des sports de combats auquel j’avais également goûté.
Il était courant en Asie, après avoir défait son ennemi, de prendre soin de lui. Dans le combat, il faut l’emporter et de façon définitive, mais c’est toujours mieux sans blesser gravement l’adversaire.
Parmi les blessures les plus couramment rencontrées dans la pratique martiale, nous avons :
Les contusions superficielles, les contusions internes, les dislocations, les lésions des muscles et tendons, les lésions ligamentaires les coupures les fractures et félures,…
Pour faire face à ces traumatismes, la médecine Dieda propose plusieurs solutions thérapeutiques qui souvent sont combinées entre-elles.
Parmi celles-ci :
- Yao xi : les bains de plantes
- Yao jiu : les alcoolats, liniments
- Yao gao : les cataplasmes,
- Yao wan : les poudres concentrées
- Yao tang : les décoctions …
Qui viennent appuyer les techniques orthopédiques (zheng gu), ventouses, guasha, moxa,….
Le pratiquant doit connaître deux choses :
– Le diagnostic : spécifique à la médecine chinoise, selon les 4 temps et les 8 règles.
– Les traitements : selon les 8 techniques fondamentales (8 règles d’or).
H. Loygue