Dans notre école de Tanglang il y a deux grands axes de travail :
- Le travail des formes et leurs applications,
- Le travail à deux avec comme noyau central, le développement de la sensibilité tactile à travers les exercices des “mains collantes”.
L’une des caractéristiques les plus emblématiques du Gongfu , ce qui a contribué à son mythe, avec Bruce Lee, c’est également la pratique des Taos, des formes (kata, dans les arts japonais).
C’est souvent ce que le “grand public” retient lorsque l’on évoque le Gongfu : des enchaînements de mouvements exotiques et mystérieux sensés représenter un combat contre des adversaires imaginaires !
La “Forme” est le “support de diffusion” de la plupart des arts martiaux traditionnels asiatiques.
Il existe pourtant d’autres arts martiaux à l’efficacité avérée, qui ne proposent pas ce type de pratique.
A quoi donc peuvent bien servir les formes alors ?
- Tout d’abord, historiquement, elles ont permis la transmission des pratiques d’une façon relativement fidèle, et dans des contextes où parfois la pratique martiale était interdite. Lors des conflits et invasions du passé par exemple, où toute forme d’entraînement “militaire” ou martial par les peuples colonisés était sévèrement punie, elles étaient “transformées” en danses folkloriques, ce qui permettait leur survie et leur discrète transmission.
- Les formes étaient transmises de maître à élève et chaque génération y apportait “sa part”. Dans cette conception, elles sont les “recueils” des techniques et des principes des différents styles et comprennent, outre les techniques de combat et d’autoprotection propres au style, les rythmes, les méthodes de déplacement et de placement, etc…
- Outre l’aspect santé et “entretien physique” qu’elles représentent, elles sont aussi considérées, plus particulièrement dans les arts martiaux chinois et indiens, comme un “Yoga”, à visée thérapeutique ou méditative.
- Les formes sont enfin importantes pour nous, pratiquants, en ce qu’elle sont un support pour la pratique personnelle. Elles nous permettent d’avoir un “set” d’exercices, une routine d’entraînement immuable, à thème, que l’on peut exercer chez soi, tout seul !
Pour autant, la répétition de ces mouvements codifiés ne se suffit bien évidemment pas à elle-même ! Pratiquer les formes sans détenir ces clés, qui font l’objet des transmissions d’écoles, de maître à élève, ne nous mènera pas bien loin…
Ces clés, ce sont les applications de la forme, la mise en oeuvre pratique et concrète de chacun des mouvements avec un partenaire / adversaire. Les applications permettent de “valider” le recueil technique…
Comme le dit notre professeur, “La Forme n’est que le sommaire du Livre, qu’il faut ouvrir et étudier page par page”. Chaque mouvement peut avoir plusieurs significations : martiale, énergétique, symbolique… et si l’on aborde uniquement l’aspect martial, un même mouvement peut également avoir de multiples applications : projection, percussion, clé, etc… D’où l’intérêt d’avoir un professeur compétent pour “séparer le bon grain de l’ivraie” !
En l’absence de ces clés qui permettraient “d’ouvrir le livre de la forme”, la plupart du temps, le travail “libre” est complètement différent du travail formel.
Comment se fait-il en effet, que l’on retrouve très rarement dans le travail libre à deux (assauts et combats libres), les mêmes techniques que celles déployées dans la forme ?
Lorsqu’il s’agit de s’affronter dans des combats singuliers, même amicalement, dans un travail libre et spontané, … le sanda pour le kungfu, tout comme le “randori” pour le karaté et pour bien d’autres arts martiaux, deviennent des sortes de boxes sportives où les styles ne sont plus identifiables. Les techniques se réduisent, s’appauvrissent et s’éloignent des belles “formes” que l’on voit dans les parcs ou les compétitions.
C’est parceque les pratiquants ne disposent pas des clés suffisantes pour mettre “dans le vivant” les applications de leurs formes, que le lien entre les formes et les “assauts libres” ne se fait pas.
Le travail à deux :
Outre la pratique des applications de la forme, c’est dans le travail des “mains collantes”, présent dans de nombreux styles, que l’on peut préparer petit à petit l’application des techniques et des principes étudiés dans la forme, dans un travail de plus en plus libre, spontané.
Ce travail répétitif et enchaîné des différentes techniques, sans arrêts, en introduisant différentes variantes, permet de développer non seulement la sensibilité tactile, mais également les principes du système défensif, les stratégies pour rentrer dans la distance, percer la garde et renverser l’adversaire.
Dans notre école de Gungfu, cet exercice de sensibilité tactile s’appelle “Gou Lou Caï”. Dans d’autres styles, il est appelé différemment (Hubud lubud en eskrima, Tuishou en Taïchi) mais quel que soit le style, il permet au pratiquant d’affiner son écoute et de s’adapter à la situation qui se présente.
Le travail des bras dans notre école, est directement issu du travail de la dague. Dans sa stratégie de combat, le Tanglang Quan, cherche en effet, comme la Mante Religieuse dont il tient son nom, à saisir et détruire tout ce qu’elle peut attraper avec ses crochets !
Le système défensif y est particulièrement développé : plus que de chercher à vaincre l’adversaire, ce que nous recherchons est surtout d’éviter d’être blessé…
Vidéo : Gu Lu Cai : les mains collantes de la Mante…