L’enseignement du Tao est retour et abandon. L’éveil est une défaite.
Pas une certitude, une assurance supplémentaire, encore moins une décoration.
S’il y a quelque chose à gagner, à obtenir, ce n’est pas le vrai Tao.
Qui l’obtiendrait donc ?
Le Tao n’est pas un idéal, une théorie, c’est la pure et simple réalité.
Pratiquer, c’est vivre cette réalité. Ou plutôt la laisser enfin s’exprimer.
Vivre ce que nous sommes véritablement, en totalité est l’unique sujet.
Ce corps étroit et limité est le corps de l’univers entier.
Notre inspiration, notre expiration sont celles de l’univers entier.
Instant après instant, l’univers entier respire à travers nos poitrines et nos mains serrées.
Pratiquer consiste simplement à laisser s’ouvrir nos mains et à travers soi le Dao respirer.
Sans rien retirer, sans rien ajouter.
C’est lorsque ton activité quotidienne se confond avec le Taïji, qu’elle mérite seulement alors le nom de pratique.
C’est prendre appui sur les principes de notre art, la forme et le tuishou, pour accomplir tous les actes de la vie.
Séparé de la vie quotidienne, le Taïji reste une coquille vide.
Le Taïji se manifeste par et dans notre comportement.
Le tao n’existe pas en dehors de notre vie la plus quotidienne.
Nous manifestons le Tao par notre façon de vivre.
C’est une attitude, une disposition d’esprit.
L’inattention, le manque d’arrêt, d’espace, d’écoute…
nous sépare du ciel/terre, nous éloigne à mille lieues de ce que nous sommes ultimement et en même temps pas vraiment…
Ami, la racine s’exprime à travers les branches, l’essence, à travers notre agir.
Chaque instant témoigne de l’éternité. Pour qui s’arrête, pour qui « cesse le feu ».
Le « sans-demeure » répétait sans cesse :
« Ce qui a une racine profonde, n’a pas besoin d’être cultivé…»
A un disciple qui lui demandait : « Après cette retraite, cette année, comment nous comporter ?
Le maître répondit :
« Reculez ! »
Joyeuses fêtes de fin d’année !
Hérald Loygue