L’oncle Chuang Ching Ling (Zhang Qinlin) étudia le Taichi chuan auprès du Me Yang Cheng Fu, fils de Yang Jian Hou.
C’est à l’âge de 27 ans qu’un boxeur se présenta pour défier le maître qui s’était alors absenté.
Le jeune Chuang releva le défi et se débarrassa de l’assaillant en lui brisant le poignet.
A son retour, Yang Jian Hou, apprenant l’histoire, le fit venir et, alors qu’il n’enseignait plus, lui transmis la grande forme de Yang Luchan ainsi que divers secrets conservés dans la famille Yang…
L’oncle Chuang demeura le disciple de Yang Cheng Fu mais travaillait la forme du « vieux maître » en secret.
A côté de sa pratique du Taïchi, l’oncle Chuang rencontra le maître Zuo Yi Feng (Zuo Laifeng) de l’école Jin Dan. Avec ce dernier il travailla le Daoyinfa, le Neigong et le Tuna.
Cela lui valut, après maîtrise de ces arts, le nom taoïste de Wu Weï (sans crainte).
En 1925, alors qu’il participait au tournoi national des arts martiaux de Nanjing, il devint le champion national se faisant ainsi connaître auprès de nombreux experts…
C’est auprès de Chuang Ching Ling que “notre grand père”, Me Cheng, travailla le Neïgong et le tuishou.
Il invita donc Chuang a passer trois mois à demeure chez lui. Ce dernier en effet, illettré, voulait apprendre à lire et à écrire. Alors durant cette saison passée ensemble, Me Cheng lui apprit à lire et à écrire et Me Chuang lui enseigna son tuishou et son neigong. J’ai des doutes sur le fait qu’ils n’aient fait que cela…
Me Cheng – dont le Neï gong que nous pratiquons provient du Me Chuang – disait que sans son travail avec l’oncle Chuang, il n’aurait jamais percé le secret du tuishou et du relâchement et notamment la différence entre li et jin. (force brutale et force grossière).
Ainsi, la nouvelle méthode que développa Me Cheng Man Ching – le style Cheng – repose en grande partie sur sa rencontre avec l’oncle Chuang. Sans omettre, bien évidemment ce qu’il a reçu de Yang Cheng Fu et des différents arts dans lesquels il excellait : poésie, calligraphie, médecine,...
Caractéristiques du style Cheng :
Les caractéristiques du style Cheng sont globalement celles du style Yang, à savoir :
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un rythme égal, lent, sans interruption,
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des mouvements simples et directs,
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une respiration naturelle et continue, en abaissant le Ch’i au dantian,
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des postures amples et détendues, une posture centrée dans l’axe,
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légèreté de l’esprit et lourdeur du corps,
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on parvient à la douceur par le relâchement
Me Yang Cheng Fu dit dans son ouvrage (écrit par le Me Cheng Manching) :
« le Taïchi chuan est l’art de développer la dureté au sein de la souplesse “comme une aiguille dissimulée dans le coton”.
Les postures doivent être centrées dans l’axe, arrondies et pleines, paisibles et fermes, détendues et tranquilles. Les mouvements sont légers, vifs et circulaires constituant ainsi un exercice complet et merveilleux… »
Relâchement, descente du Qi au dantian, enracinement et développement de la douceur sont les maîtres mots de cette école dans laquelle le maître Cheng mettra sa touche personnelle, jusqu’à fonder son propre style, étape supplémentaire sur la Voie vers le relâchement, la douceur et l’intériorisation du travail.
Ainsi voici quelques caractéristiques physiques du style Cheng qui se différencient du style Yang :
- Jambe arrière fléchie,
- pivot sur le talon
- amplitude moins grande des pas,
- écart entre les jambes d’une largeur d’épaules,
- Verticalité du tronc,
- La « mains de la jolie dame »,
- Racine en Yong quan (1Rein)
- Enracinement dans un relâchement complet (sung)
- Rôle essentiel du travail de la taille Yao Kua
- La forme suit une voie naturelle, souple, fluide et sans interruption
- Dans le tuishou, l’accent est mis plus sur l’application des principes que sur celle de méthode.
Ces caractéristiques se retrouvent dans l’article sur les 10 principes du Me Cheng…
Le cœur et la direction du Taïchi de Me Cheng sont de cultiver le Qi au dantian.
Il y a des tas de raisons pour cultiver et concentrer le Qi au dantian…
Pour lui et donc pour nous, ce n’est pas pour être plus fort, plus puissant, pour vivre plus longtemps, pour ne pas être malade…
…mais pour atteindre la douceur…
Cette douceur n’est pas pour nous, mais pour tous les êtres.
Dans la postface de sa « nouvelle méthode d’apprentissage » il dit :
« j’aimerais atteindre le même niveau de Compassion que Vimalakirti pour tous les malades,
le même Amour que Confucius ressentait pour toute l’humanité… »