Par Emmanuel
Le maître Cheng Man Ching, a fait de cette notion, l’un des principes fondateurs de son école :
“Song” : relâcher…
La “descente du Qi au Dantien” est en effet une étape très importante dans le style “cheng”, pour la formation de votre “corps de Taïchi”.
Commençons par un peu d’étymologie…
Notre professeur a déjà évoqué cette notion dans un précédent article à propos du “Song gong” dans le qigong de relaxation : https://lishan.fr/song-gong-qigong-de-relaxation/.
Le caractère moderne chinois pour écrire “song” (松) se “dessine” ainsi :
Il est utilisé dans le langage “courant” pour désigner un arbre, le pin…
Voilà déjà une orientation sur le type de relâchement dont il s’agit… La flexibilité d’un pin. Il ne s’agit pas de mollesse, loin s’en faut !
Le caractère “ancien” pour décrire “song” (鬆), associe à la clé de l’arbre sur la partie gauche, une crinière de cheval ondulant dans le vent…
Ainsi, à la flexibilité de la branche de pin est associée une notion de mouvement.
Selon le précédent article de notre professeur, la relaxation dans le sens chinois, serait alors : “Ce relâchement très conscient à la fluidité des souffles en soi, pour retrouver sa flexibilité naturelle. qui se manifeste par la décontraction des muscles et tendons et de toutes tensions vers la terre. Mais attention, cet abandon n’est pas un abandon inconscient menant au sommeil ou a un demi-sommeil,, mais plutôt conduisant à un état spacieux, clair, d’ouverture à la circulation des souffles en soi.”
“Song” est donc une totale décontraction menant à une flexibilité “naturelle”, spontanée, mais en aucun cas “molle”… flexibilité qui mène à une densité, une “consistance”, permettant un “retour”.
Mais ce n’est que la première étape, dans le processus de transformation (Hua – 化) vers le “corps de Taïchi”.
Ce processus d’accumulation et de “raffinement” du Qi comporte ainsi trois étapes :
- “Song” :
Cette première étape du relâchement conscient et de la lenteur, amène l’étudiant à trouver son axe, son centre,…
Étape de réunification des 5 arcs…
- “Rou”, la deuxième étape…
Une fois le relâchement atteint, la taille (yao) peut officier son rôle de commandant, les mouvements deviennent des vagues qui ondulent librement à travers un corps-souffle cohérent.
“Rou” signifie “souplesse”… C’est le même caractère que le “Ju” de “Judo”, “voie de la souplesse” japonaise !
- Gang, “la fermeté”
C’est la troisième étape, où peut alors s’exprimer un mouvement libéré, explosif. Ici, le Qi s’étant condensé à son maximum, devient tellement “consistant” qu’apparait alors la fermeté… et la capacité à mobiliser toute son énergie sur un point particulier.
Les tests de “Song”
Le travail du “relâchement” doit être très concret et cohérent… Ce n’est pas une notion abstraite.
Les 3 étapes précédemment évoquées doivent donc pouvoir être testées afin de savoir où l’on en est.
Attention ! Il faut prendre ces “tests” à leur juste valeur…
- Il ne s’agit pas de démonstrations magiques “de fêtes foraines”, laissant supposer une maîtrise “mystico-magique” du “Qi”…
- Il ne s’agit pas non plus d’un “simple” travail d’alignement mécanique (qui est en soi, de toute façon, requis !).
Il y a un réel travail interne (c’est une étape dans le travail de transformation du Qi), mais celui-ci doit être concrètement vérifiable, sans “faux-semblant” :
Cela fonctionne et alors on passe à l’étape suivante, ou cela ne fonctionne pas, et il va encore falloir travailler !
Quelques images de cette pratique, qui se travaille d’abord seul, dans le neïgong et dans la forme, puis se teste de différentes manières avec un partenaire…