Témoigner de sa pratique n’est pas une chose aisée…
J’ai choisi de l’exprimer par une activité que j’ai rencontré voici 25 ans : l’escalade.
Avant, je faisais de l’escalade en serrant, en s’agrippant, en broyant des prises… autant de termes communs dans le jargon des grimpeurs… Toujours plus haut, toujours plus difficile, tel était mon credo, tendu vers un futur toujours lointain, obsédé par un sommet.
Conséquence de quoi, l’escalade était souvent synonyme de maltraitance du corps : tendinite, rupture de poulie, écrasement articulaire, arrachement tendineux… des expériences trop communes parmi les grimpeurs et considérées comme normales !
Pourtant, en de rares occasions, quelques perles apparaissaient ! Un moment merveilleux où le corps, l’esprit et le rocher ne font plus qu’un, un instant de paix dans un monde crispé sur le tenir et l’avoir.
Il y a 4 ans, j’ai demandé au Sifu «est-il possible d’escalader en pratiquant ? ».
La réponse résonne encore : « oui… mais ce n’est plus de l’escalade ».
Depuis, à chaque fois que je pratique, je laisse le rocher questionner mon corps… l’informer de la justesse du mouvement qui naît. Maintenant, c’est dans l’entre-deux prises que réside l’escalade… il s’agit plus de dé-prendre…en se concentrant sur le contact du rocher, à l’écoute de la naissance du mouvement. Souvent, des pensées surgissent… revenir à la respiration… au contact du rocher sous les doigts, du vent sur le corps…et la paix revient. Si une pensée se fixe : la chute !
D’autres grimpeurs, comme Antoine Le Menestrel l’exprime encore mieux dans son « manifeste pour une escalade poétique » :
« Bien grimper ne se trouve pas dans la quantité mais dans l’intensité de notre présence dans le mouvement.(…) Je grimpe bien quand je suis totalement présent ici maintenant, lorsque je suis habité du vide de la concentration.
Je grimpe bien lorsque je ne force pas musculairement, j’ai un geste juste et engagé. Je grimpe avec mon cœur et non avec mes muscles. ».
En d’autres mots, la pratique est comme une grande inspiration qui inonde la vie… et qui en modifie jusqu’aux plus infimes détails.
Christophe