Par Emmanuel
Cette période de confinement est historique, paraît-il… Jamais en effet à une si grande échelle, le monde ne s’est “arrêté de tourner” aussi longtemps. Et comme beaucoup s’accordent à le dire, cette crise sanitaire ne semble être pour l’instant que la partie émergée de l’iceberg, qui devrait laisser apparaître bientôt une crise économique sans précédent…
Belle perspective pour nous tous !
Alors, que nous reste-t-il donc pour ne pas sombrer ?
Cette réflexion que j’espère vous me pardonnerez de partager avec vous, m’est venue tout à coup, un de ces matins de confinement, alors que je “pratiquais”…
Alors que je m’évertuais à répéter, mouvement après mouvement, la forme de Taïchi, m’efforçant tant bien que mal à relâcher (comment d’ailleurs, peut-on “s’efforcer à relâcher” !), à centrer, maintenir mon axe “enraciné en ciel et en terre”, tout à coup a surgi cette idée, cette sensation qui ne m’a pas quitté jusqu’à ce que je la couche sur “papier” :
Que ferais-je aujourd’hui, sans cette pratique qui m’accompagne depuis 30 ans ?
Que serais-je devenu et comment aurais-je réagi face à cette crise, sans la pratique ?
Au final, que représente la pratique du Taïchi pour moi ?
M’est alors apparue, comme une évidence, cette image :
La pratique du Taïchi (et dans ce terme, on peut bien entendu englober : “qigong”, “kungfu”, ou toute autre pratique “martiale” authentique…) est bien plus qu’un sport, ou qu’une occupation de loisir…
C’est un phare dans la tempête…
C’est aussi, comme le dirait Sifu, le mât du navire, auquel il nous faut parfois nous accrocher fermement pour, comme Ulysse, résister aux chants des sirènes et ne pas plonger…
Et des sirènes, en ce moment, on n’en manque pas !
Des sirènes d’ambulance transportant nos anciens, aux sirènes de la solitude, de l’inquiétude et du stress, de la déprime, de la colère ou du désemparement…
Pour tenir, il est bien-sûr possible de faire du sport, des pompes ou des abdos… de découvrir les joies du jogging… de manger du chocolat, accompagné parfois d’un petit verre…
Mais la pratique du Taïchi, pour moi, va un peu plus loin… pour peu qu’elle soit intégrée au quotidien, considérée comme une voie et non un simple loisir sportif et culturel de plus, permettant de se distraire, certes de façon “bio”, de s’entretenir psychiquement et physiquement, ou de se maintenir en bonne santé…
Cette pratique, vue en tant que chemin de réalisation (gongfu)… a tant à nous apprendre de nous…
“Privilégier la douceur et le relâchement”, “laisser descendre le Qi au dantian”, “s’oublier soi-même dans le mouvement”, amènent un apaisement de l’esprit, qui devient ainsi plus clair, plus disponible… pour s’adapter aux situations…
Que ce soit pour cuisiner, travailler, boire le thé, calligraphier, faire sa “gym douce” du matin ou ses exercices physiques du soir, que ce soit pour se détendre ou pour se défendre, toutes nos activités sont alors éclairées par ce phare…
Comment dès lors, ne pas penser aux gardiens de phare qui se sont succédés… et qui se relaient depuis des générations… pour entretenir la flamme, nous évitant les récifs…
Merci à eux !
Le gouvernement ne cesse de nous répéter qu’il y aura un “avant et un après” le confinement… On ne s’en serait pas douté !… Mais il y a aussi un “maintenant”…
Alors maintenant, accrochons nous au mât, regardons vers le phare et traversons !
Je vous souhaite de tout coeur de faire de cette pratique votre phare, votre mât, d’en découvrir et goûter toute la richesse afin de traverser plus sereinement…
Emmanuel.
Président de l’Institut Lishan