Aujourd’hui, bien que la mode soit aux kettlebells, ces haltères “nouvelle génération” qui sont sensées révolutionner la pratique martiale… savez-vous qu’il existe depuis très longtemps de nombreux autres outils traditionnels, tout aussi performants, sinon plus, et que l’on peut trouver n’importe où ?
Pour compléter notre “boite à outil” et la pratique du sac et du mook an jong que nous avons déjà abordée dans nos précédents articles, voici une petite présentation des autres outils de la pratique, bien utiles lorsque l’on est seul pour s’entraîner…
La “poulie”
Simple bâton autour duquel on enroule puis déroule une corde lestée d’un poids, cet outil permet de travailler l’ensemble de la ceinture scapulaire, ainsi que le dos, de façon “isométrique”, tout en travaillant de façon plus spécifique la force et le placement des poignets, les avants-bras, essentiels dans les blocages, les percussions, mais également dans les saisies…
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L’anneau :
En bois ou parfois en métal, il permet de travailler les techniques d’attaques/parades, de façon fluide et liée, sans “perdre le contact”. Il s’agit d’une excellente préparation aux fameuses ‘mains collantes’ (Chi Sao – tui shou) qui favorise les connections haut-bas et enseigne la position idéale des deux bras dans le travail défensif.[clear]
La bille de bois :
Comme pour l’anneau, elle permet de lier les mouvements de façon fluide, sans perte de contact. Elle est donc une excellente préparation au tuishou et exercices de mains collantes… En bois, en métal ou en pierre, il existe de multiples méthodes pour s’y exercer et on la retrouve dans de nombreux styles de kungfu, sous le nom de “chi ball”, ou encore “Taïji Ball”, “Iron ball”… En outre, comme traditionnellement les pratiques thérapeutiques et martiales n’étaient pas séparées, la “Taïji Ball” est un excellent entraînement aux techniques de massages et donc de positionnement correct du corps.
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Les jarres :
On retrouve ce travail dans beaucoup de styles du sud de la Chine, et par conséquent dans ses héritiers comme le karaté d’Okinawa… Ce sont les kettle bells d’autrefois ! Remplies d’eau ou de sable, voire de gravier en fonction du poids que l’on souhaite (ou que l’on peut supporter…), elles permettent de travailler la liaison des chaînes musculaires de l’ensemble du corps, la globalité corporelle, l’enracinement…
Elles permettent en outre de travailler la force de saisie et le renforcement des doigts, bien utiles dans les pincements et saisies des muscles et points névralgiques (fen jin, zhua jin…cf article dian xue)…
En outre, une fois l’entraînement terminé, contrairement au kettlebells, elles seront bien utiles pour de décorer et fleurir le dojo ! A défaut de jarres, on peut aussi utiliser des bûches de bois plus ou moins lourdes, et d’un diamètre plus ou moins important, en fonction de ce que l’on souhaite développer…
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Les “baguettes” :
Généralement en bambou, elles sont utilisées en percussion sur des zones énergétiques du corps, et permettent de préparer le corps, de stimuler les “jing luo” (méridiens) ou des zones énergétiques précises, dans un objectif de préparation, de renforcement, ou au contraire de soin sur des régions particulières du corps. La percussion favorise la libre circulation du Qi et du sang.
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On retrouve encore de nombreux autres outils traditionnels comme :
- Le simple bâton, de longueur variée, utilisation dont vous pouvez voir un aperçu dans notre vidéo de présentation de kungfu (voir dans la galerie),
- Le Makiwara, souvent présent dans les dojos japonais et dont la fonction, souvent détournée, n’est pas de renforcer les cals aux poings mais de travailler le placement et l’enracinement lors de l’impact,
- Le sac rempli de sable plus ou moins dense dans lequel on plonge les doigts, pour travailler les piques, les saisies, le renforcement articulaire des doigts,
- Plus simplement encore, la corde, de nos jours souvent utilisée pour le saut à la corde, excellente méthode pour travailler non seulement l’endurance, mais également le tempo, le rythme et la vitesse de déplacement, mais qui peut également servir pour le travail de musculation spécifique des membres supérieurs ou inférieurs (on la remplace souvent aujourd’hui par des bandes élastiques reliées au tronc, mais l’on pourra se contenter tout aussi efficacement de la bonne vieille chambre à air…),
- …etc…
Bien que l’on puisse trouver n’importe où et se fabriquer très facilement ces différents outils, rappelons qu’il convient avant l’entraînement de demander les conseils avisés d’un professeur compétent…
Car ici encore, l’improvisation comporte des risques : Un entraînement erroné peut en effet conduire à des désordres articulaires, voire énergétiques… difficiles à “réparer”…
De plus, comme déjà indiqué, toute pratique d’endurcissement ou de renforcement s’accompagne traditionnellement des soins appropriés, à l’aide de la thérapeutique “martiale” traditionnelle (onguents, baumes, cataplasmes… Voir notre article sur la médecine dieda…).
Signalons enfin, que même si vous n’avez aucun instrument à portée de main, de nombreux exercices préparatoires traditionnels (jiben gong : voir nos articles) permettent néanmoins de travailler toutes les zones du corps… sans le moindre matériel !
Vous n’avez donc aucune excuse pour ne pas vous entraîner !
Bon entraînement ! E.G.